
Notre santé mentale et notre santé sexuelle sont reliées de plusieurs façons. Comme les conversations sur la santé sexuelle et sur la santé mentale sont des tabous pour plusieurs personnes, il est encore plus difficile de parler de tous les liens qui existent entre elles. Apprendre comment elles vont ensemble peut nous aider à faire des liens importants entre des choses, à commencer des conversations cruciales et à demander le soutien auquel nous avons droit lorsque nous en sentons le besoin.
Comment la santé sexuelle et la santé mentale sont-elles reliées?
La santé sexuelle et la santé mentale sont connectées de plusieurs façons – et les points suivants ne sont que quelques exemples de ces liens. Nous avons toutes et tous des corps différents, des esprits différents et des situations différentes pour ce qui concerne notre vie sexuelle, nos relations, notre santé et notre bien-être. Lorsqu’on commence à voir les liens qui existent, on peut prendre mieux soin de nous-mêmes.
Prendre soin de notre santé, ça veut dire prendre soin de nous au complet. Toute personne, y compris nos professionnel-les de la santé, devrait savoir qu’il est important de porter attention aux manières par lesquelles notre santé sexuelle et notre santé mentale sont reliées.
Points importants de réflexion
Les sections suivantes mettent en relief les impacts négatifs de défis que rencontrent en particulier les personnes de minorités sexuelles et de genre, les personnes qui vivent de la violence sexuelle, celles qui sont diagnostiquées d’une maladie mentale et celles qui rencontrent du racisme et des répercussions du colonialisme. Le contenu a pour intention de montrer les liens entre la santé mentale, le bien-être et les enjeux qui concernent le genre et la sexualité. L’objectif est de valider ces liens importants. Chaque personne mérite de recevoir des soins et du soutien – et les droits de toute personne à la santé et à la non-discrimination devraient être respectés.
Ceci n’est qu’un aspect de ce que vivent des personnes; il vise à mettre en évidence des considérations de santé publique. Les personnes qui rencontrent de tels défis ont des vies complexes que l’on ne peut pas résumer à des données de recherche. Il est important également de mentionner la résilience, le courage, l’esprit de communauté et la débrouillardise des personnes affectées par une des situations suivantes ou par plusieurs. Plusieurs de ces personnes deviennent des porte-flambeaux, témoignent de leurs expériences de discrimination et améliorent le monde où nous vivons.
Genre, sexualité et santé mentale
Les lesbiennes, les gais et les personnes bisexuelles et queer sont beaucoup plus susceptibles d’avoir des préoccupations de santé mentale, à cause de la stigmatisation, des préjugés et de la discrimination qu’ils et elles rencontrent.
Pareillement, la discrimination et la violence vécue par des personnes trans peuvent conduire à leur exclusion des espaces sociaux, à un risque accru de non-emploi, à l’évitement des soins de santé et à de moins bons résultats en santé mentale.
De plus, un grand nombre de personnes LGBTQI2S+ se retrouvent souvent sans traitement ni soins pour leurs préoccupations de santé physique et mentale, parce qu’elles n’ont pas de professionnel-le de la santé, ou en raison de leurs inquiétudes ou parce qu’elles n’arrivent pas à trouver un-e professionnel-le qui comprend leurs besoins et réalités en tant que personnes LGBTQI2S+ et qui peut y répondre.
Les expériences d’homophobie ou de transphobie (dans le quotidien ou pendant l’enfance), la perte de soutien communautaire ou familial qui résulte souvent de la sortie du placard au sujet de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre (ou encore de son contraire, le non-dévoilement), et le fait de devoir composer avec ces réalités et avec le passé, peuvent affecter grandement notre santé et notre bien-être.
Si l’on a du soutien et si l’on fait partie d’une communauté, nos résultats de santé sont généralement meilleurs. La solitude et l’isolement nuisent à notre bien-être.
La stigmatisation, les préjugés et la discrimination que vivent les personnes LGBTQI2S+, dans leur vie de tous les jours ainsi qu’au cabinet du médecin, augmentent les taux de dépression, d’anxiété, de troubles obsessifs compulsifs, de phobies, de pensées et actions suicidaires, d’automutilation ainsi que de dépendance à l’alcool et aux drogues. Ces répercussions peuvent être aggravées chez les personnes qui vivent aussi de la discrimination en raison de leur race, de leur classe, de leur appartenance ethnique ou d’un handicap.
Il est important d’être au courant de ces répercussions, puisque cela peut nous aider à mieux comprendre nos besoins, à mieux faire valoir nos droits et intérêts, et à bâtir des communautés plus fortes. Si vous vivez certaines de ces choses, vous avez le droit de recevoir des soins et du soutien.
Traumatisme sexuel et santé mentale
La violence sexuelle, c’est tout acte de nature sexuelle non désiré qui est imposé à une autre personne. Les personnes qui vivent de la violence sexuelle peuvent ressentir une perte de sécurité et d’autonomie corporelle. Ceci peut nuire au bien-être mental. Après un traumatisme sexuel, certaines personnes peuvent avoir un risque accru de dépression, d’anxiété, de trouble de stress post-traumatique, de perturbation de la personnalité ou de l’attachement, de même que de dépendances.
Une personne qui a survécu à la violence sexuelle est plus susceptible que l’individu moyen de faire une tentative de suicide. Cela vient en partie du fait que, au-delà de la violence sexuelle proprement dite, les personnes qui y ont survécu doivent composer avec la culture du viol et avec des mythes persistants sur l’agression sexuelle, qui peuvent rendre plus difficile d’être crues et de trouver du soutien, une protection et la justice.
Il est important d’être au courant de ces répercussions, puisque cela peut nous aider à mieux comprendre nos besoins, à mieux faire valoir nos droits et intérêts, et à bâtir des communautés plus fortes. Si vous vivez certaines de ces choses, vous avez le droit de recevoir des soins et du soutien.
Stigmatisation associée au diagnostic de santé mentale
Recevoir un diagnostic de santé mentale comporte son propre lot de stigmatisation. Certaines des peurs et des choses incomprises en lien avec certaines maladies mentales ont un lien avec la sexualité. Plusieurs personnes ayant un trouble de santé mentale sont stéréotypées comme étant hypersexuelles, asexuelles ou non méritantes et incapables d’avoir des relations sexuelles ou romantiques.
Ceci peut influencer la façon dont les patient-es ayant des troubles de santé mentale sont traité-es dans le milieu des soins de santé. Revers intéressant, les sentiments négatifs qui peuvent découler du stéréotypage peuvent affecter comment une personne décide de prendre ou non certains risques concernant sa santé sexuelle.
En même temps, les besoins de santé sexuelle et génésique des personnes ayant des troubles de santé mentale sont souvent négligés en raison de ces stéréotypes. Dans plusieurs cas, on ne prend pas au sérieux les personnes qui n’ont pas les symptômes sexuels associés à leur maladie (par exemple, le trouble bipolaire peut causer une hypersexualité) ou les effets secondaires de leurs médicaments sur leur sexualité (par exemple, des antidépresseurs peuvent rendre plus difficile d’arriver à un orgasme). Ou encore, on ne les considère pas comme capables d’avoir du sexe et on leur fournit peu ou pas de soutien ou d’information pour les aider à avoir une vie sexuelle saine.
Il est important d’être au courant de ces répercussions, puisque cela peut nous aider à mieux comprendre nos besoins, à mieux faire valoir nos droits et intérêts, et à bâtir des communautés plus fortes. Si vous vivez certaines de ces choses, vous avez le droit de recevoir des soins et du soutien.
Impacts du colonialisme et du racisme sur la santé
Le Canada a un long historique (qui se poursuit) de contrôle de la capacité de reproduction des personnes autochtones. Aussi récemment qu’en 2017, un rapport de la région de Saskatoon a fait état de l’expérience de femmes autochtones qui ont été forcées d’avoir une ligature des trompes (une méthode contraceptive permanente).
Les politiques canadiennes sur la stérilisation ont eu des effets néfastes sur les personnes et communautés autochtones. Un exemple d’intersection entre la santé mentale et la santé sexuelle, dans ce contexte, est le nombre considérable d’hommes et de femmes autochtones qui ont été stérilisé-es sous le prétexte d’« incapacité mentale ». Ceci était déterminé par l’État sur la base de divers critères, comme la non-conformité aux notions coloniales de mœurs sexuelles, le mode de vie, les coutumes et les comportements. La désignation d’« incapacité mentale » a également été utilisée par le gouvernement pour voler des terres et des propriétés de personnes autochtones afin de les transférer au gouvernement fédéral et/ou à des gouvernements provinciaux.
Et, de fait, il se produit encore des cas de stérilisation forcée de femmes autochtones et de retrait d’enfants autochtones à leurs familles.
Au Canada et en Amérique du Nord, les soins de santé sont marqués par le racisme et la discrimination historiques et courants. Des exemples incluent la mise à l’essai de contraceptifs sur des personnes racisées non consentantes, à travers l’Amérique du Nord; des expériences avec des femmes noires esclaves, aux États-Unis; et des tentatives initiales du mouvement de planification familiale de limiter les populations « déviantes » au moyen d’un contrôle démographique.
Étant donné ces réalités historiques et contemporaines, de même que la discrimination raciale persistante dans le milieu de la santé et le manque de soins culturellement compétents, plusieurs personnes noires, autochtones et racisées sont méfiantes à l’égard du système de santé ou retardent leur recours aux soins.
Un autre exemple évident d’impacts du racisme sur le bien-être mental et sexuel des personnes noires et racisées s’observe dans les mauvais résultats de santé maternelle des femmes noires en Amérique du Nord, y compris des taux disproportionnés de décès liés à la grossesse ou à l’accouchement.
Des facteurs sociétaux et des éléments des systèmes de soins de santé contribuent aux taux élevés de mauvais résultats de santé et de mortalité maternelle parmi les femmes noires, qui sont susceptibles de rencontrer des barrières à l’obtention de soins de qualité – et souvent, également, de la discrimination raciale tout au long de leur vie. Ceci inclut l’« usure » physique : leurs corps vieillissent plus rapidement que celui des femmes blanches, en raison du stress chronique associé au désavantage socioéconomique et à la discrimination, ce qui rend du même coup la grossesse plus risquée dès un plus jeune âge.
Si vous rencontrez de la discrimination dans le milieu des soins de santé, vous avez le droit de recevoir du soutien et des soins.