L'éducation à la sexualité nous garde en santé : témoignages de prestataires de soins de santé

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Cette année, nous parlons de tous les bienfaits de l’éducation sexuelle pour notre santé. Les fournisseur(-euse)s de soins de santé en ont long à dire sur l’importance d’une information exacte en matière de santé sexuelle. De fait, l’éducation à la sexualité fournit aux personnes les informations dont elles ont besoin pour mieux prendre soin de leurs corps. Ceci se traduit par un nombre réduit d’infections transmissibles sexuellement pouvant entraîner des complications à vie; une diminution des grossesses non planifiées et de la coercition génésique; un taux réduit de cancer du col utérin ou sa détection plus précoce; et moins de problèmes de santé, y compris d’infections, qui s’aggravent parce qu’on en ignore les signes ou qu’on est gêné-e d’en parler à notre médecin.

Nous avons demandé à d’extraordinaires prestataires de soins de santé des quatre coins du pays de nous dire ce qu’ils et elles voient dans leur pratique de tous les jours, ce qu’ils et elles entendent de leurs client-es et patient-es, et pourquoi il est important que nous ayons tous et toutes accès à une éducation complète et exacte en matière de santé sexuelle.

« Nous voyons beaucoup de gens mal renseignés à propos des soins de santé sexuelle et génésique. Le malentendu le plus courant est probablement celui qui entoure le DIU. Des patientes ont lu des choses sur Internet et croient à présent que le DIU n’est pas sécuritaire et qu’il cause des problèmes nécessitant des interventions chirurgicales majeures. Certaines nous disent "J’ai entendu des histoires d’horreur au sujet du DIU. Des personnes doivent se le faire enlever par chirurgie et on leur arrache l’utérus". Lorsque les risques liés au DIU sont présentés de manière aussi inexacte, incomplète ou terrifiante, il devient pratiquement impossible pour la patiente d’entendre les faits. Donc, malgré le fait qu’un DIU puisse être la meilleure option pour elle, la personne pourrait opter pour une méthode contraceptive à laquelle elle ne sera pas fidèle, comme une pilule par jour ou un plan de "ne plus avoir de sexe". Sans méthode contraceptive efficace, les patient-es augmentent leur risque de grossesse non planifiée. Le savoir, c’est le pouvoir; nous aimerions que tout le monde ait accès à des informations exactes, pertinentes et à jour sur la contraception, pour faire des choix éclairés. » 

Clinique 554, médecine familiale, Fredericton, Nouveau-Brunswick

« Souvent, dans notre pratique, nous rencontrons des personnes qui ne connaissent pas leur anatomie, et cela a des répercussions sur leur santé et sur les soins qu’elles reçoivent. Nous passons beaucoup de temps à répondre à des questions très élémentaires sur les corps et la santé génésique. Certaines personnes ayant des vulves et des utérus ne connaissent pas leur anatomie; il peut être difficile de leur enseigner des sujets comme la prénatalité si elles ne savent pas ce qu’est le col utérin, par exemple. Bien des personnes ne connaissent rien du clitoris ou de la différence entre la "vulve" et le "vagin", car elles n’ont pas reçu l’éducation à la santé sexuelle de qualité qu’elles méritent. »

Jenna Bly, sage-femme autorisée, Toronto, Ontario

« En tant que médecin, j’ai souvent l’occasion de constater de première main l’impact du manque d’information de qualité sur la santé sexuelle. Il en résulte que des personnes puisent leurs informations dans Facebook plutôt qu’auprès de sources dignes de confiance. Rectifier ces mythes demande beaucoup d’énergie. En général, on a tendance à ignorer le positif et à voir principalement le négatif – par exemple, dans le cas de la grossesse : on entend rarement parler des personnes qui oublient complètement leur DIU parce qu’il fonctionne à merveille! »

Shireen Mansouri CCFP(EM) FCFP, médecin de famille

« Nous nageons en pleine crise de santé publique, en Saskatchewan. Nous avons le taux de nouvelles infections à VIH le plus élevé au pays, des éclosions de syphilis, des taux alarmants de chlamydia et de gonorrhée, un des taux de grossesse adolescente parmi les plus élevés au pays et un des plus hauts taux de violence dans les relations intimes. Dans le cadre de ma pratique, je gère souvent des grossesses adolescentes. Je traite des infections à la chlamydia et à la gonorrhée pratiquement toutes les semaines. Je passe plus de temps que je ne l’aurais imaginé à rectifier des mythes, des informations erronées et des idées fausses qu’entretiennent des personnes de tous âges à propos du sexe, de la contraception et de la prévention des maladies. Le manque d’informations exactes et de compétences a pour mes patient-es des impacts réels qui peuvent durer toute une vie, et je les constate de très près.

Il y a des choses que nous pouvons faire pour changer la situation et pour protéger les gens de la Saskatchewan. Les fournisseur(-euse)s de soins de santé, les politicien-nes et le public doivent reconnaître les données scientifiques qui appuient l’éducation complète à la sexualité en tant que puissante intervention préventive en amont pour prévenir les résultats de santé négatifs. En tant que médecins, nous avons parfois l’impression que la défense des intérêts du public n’est pas notre rôle, mais je crois passionnément que, lorsqu’un programme d’éducation à la sexualité contribue à des éclosions de maladies, tout le monde doit participer et intervenir. »

Dre Carla Holinaty, M.D., CCFP, médecin de famille, Saskatoon, Saskatchewan

Nous sommes devant d’importants défis : taux croissants d’ITS, programmes d’éducation sexuelle fragmentés, taux élevés de violence fondée sur le genre, accès inégal aux soins d’avortement, etc. L’accès à une information de qualité en matière de santé sexuelle est une manière cruciale d’offrir aux personnes ce dont elles ont besoin pour rester en santé et s’épanouir.

Pour savoir pourquoi #LÉducationSexuelleSauveDesVies, cliquez ici.

Posté sur 2020-01-15