Ottawa, le 6 novembre 2025 — Le gouvernement fédéral a publié hier le budget 2025, dans lequel il présente sa vision pour le Canada. C’est le modèle proposé par le gouvernement quant au type de pays qu’il souhaite construire.
Le budget intitulé Un Canada fort intervient à un moment où la précarité augmente au Canada, où les familles ont du mal à joindre les deux bouts alors que les coûts de base comme la nourriture et le logement ne cessent d’augmenter, où de plus en plus de mères perdent leur emploi parce qu’elles ne peuvent pas trouver de services de garde, où les femmes et les personnes d’une diversité de genres ne peuvent pas trouver de refuges sécuritaires pour échapper à la violence, où les jeunes doivent choisir entre le loyer et la contraception, et où les parents ne peuvent pas accéder à des soins d’affirmation de genre pour leurs enfants. Les communautés de tout le pays se demandent si le système de protection sociale du Canada les soutiendra si elles sont touchées par les prochaines pertes d’emploi dues aux progrès de l’intelligence artificielle, à la guerre commerciale ou au changement climatique.
Le gouvernement a qualifié ce budget de « générationnel », mais le véritable test de sa réussite consiste à savoir s’il apporte la sécurité, la dignité et la stabilité auxquelles aspire la population du Canada. Un budget générationnel renforce les fondations qui soutiennent nos communautés: l’infrastructure qui assure la santé et la sécurité et donne à chaque personne une chance équitable de s’épanouir.
Un budget générationnel part d’une vérité simple: les personnes sont le fondement de toute économie forte. Les routes, les hôpitaux et les transports en commun sont importants, mais ce sont les soins, la sécurité et l’égalité qui font fonctionner ces investissements. La société se porte mieux dans son ensemble lorsque les gens sont en bonne santé, disposent d’un logement stable, ont les moyens de s’occuper de leur famille et de participer à la vie de la communauté, et sont en sécurité et à l’abri de la violence.
Le budget prévoit des investissements importants dans les infrastructures physiques telles que les hôpitaux, les cliniques et les logements, mais est-il à la hauteur en ce qui concerne les infrastructures sociales qui garantissent un véritable accès aux fruits de ces investissements? Les leaders féministes du Canada donnent leur avis sur le budget 2025.
« Grâce à de solides investissements dans les priorités urgentes que sont le logement et la prévention de la violence fondée sur le genre, le budget 2025 prend des mesures positives pour répondre aux besoins des femmes et des personnes d’une diversité de genres au Canada dans un contexte de hausse des niveaux de violence et d’insécurité. Toutefois, il ne parvient pas à investir dans des mesures de responsabilisation, telles que la création d’un poste de commissaire à la lutte contre la VFG ayant pour mandat de contrôler et de rendre compte de la mise en œuvre du Plan d’action national sur la VFG et de la Stratégie fédérale de lutte contre la VFG. » — Anuradha Dugal, directrice générale, Hébergement femmes Canada
« Ce budget prend des mesures encourageantes en matière d’égalité des genres, notamment grâce à un financement stable de Femmes et Égalité des genres Canada et à des investissements dans le logement et la sécurité. Il faut également redoubler d’efforts pour que les services de garde abordables et les logements tenant compte des spécificités de genre soient priorisés en tant qu’infrastructures essentielles. Nous gardons l’espoir et nous avons hâte de travailler avec le gouvernement fédéral pour combler ces lacunes. » — Aline Nizigama, directrice générale de YWCA Canada
« La nouvelle limite de temps imposée aux services d’établissement des immigrants bloquera de manière disproportionnée l’accès des femmes, qui retardent souvent leur recours aux services en raison de leur situation familiale, leurs obligations professionnelles ou leur vécu en matière de pouvoir et de contrôle. Cette restriction compromet directement l’engagement du gouvernement en faveur de l’analyse comparative entre les sexes Plus (ACS+), en portant préjudice aux personnes mêmes qu’elle est censée protéger, et retardera également leur intégration économique. » — Debbie Douglas, directrice générale, OCASI – Ontario Council of Agencies Serving Immigrants
« Un plan pour la « nouvelle génération » qui investit véritablement dans notre avenir doit répondre aux besoins uniques en matière de logement des femmes, des personnes bispirituelles, transgenres et d’une diversité de genres, y compris les communautés autochtones et racisées, les personnes nouvellement arrivées et réfugiées, en situation de handicap et âgées. Nous saluons les engagements de capitaux de l’initiative « Construire des logements au Canada ». Par contre, si ces investissements ne sont pas guidés par les enjeux de genre, d’accessibilité et de droits des peuples autochtones, le budget 2025 risque de dépenser des milliards pour construire des logements qui n’atteindront toujours pas les personnes qui ont le moins d’accès. » — Stefania Seccia, directrice du plaidoyer et des affaires publiques, Women’s National Housing & Homelessness Network
« Le budget fédéral reconnaît que les femmes et les personnes âgées sont plus susceptibles d’être locataires. Nous espérons que, malgré l’absence de mention des protections des locataires dans le budget 2025, le gouvernement fédéral poursuivra activement la mise en œuvre des engagements passés en faveur du droit humain au logement dans le cadre de la Loi sur la stratégie nationale sur le logement, ainsi que la Déclaration des droits du locataire. Construire plus de logements abordables par le biais de Maisons Canada, c’est comme verser de l’eau dans une baignoire. Mais sans mesures adéquates pour protéger les locataires et le parc locatif abordable existant, nous laissons le bouchon ouvert. » — Michèle Biss, directrice générale du Réseau national du droit au logement
« L’engagement pris dans le budget 2025 d’améliorer l’accès à la justice et de soutenir les victimes est un pas dans la bonne direction. Pour concrétiser cette vision, nous devons veiller à ce que les aides juridiques tenant compte des traumatismes, telles que les services de counseling et de représentation juridiques indépendants, soient maintenues et développées. Un système judiciaire centré sur les survivantes n’est pas seulement une aspiration; il est essentiel pour l’équité et la sécurité. » — Deepa Mattoo, directrice générale, Barbra Schlifer Commemorative Clinic
« Les riches au Canada n’ont jamais été aussi riches, alors que des millions de familles peinent à mettre de la nourriture sur la table. Les personnes qui attendaient un allègement dans ce budget et ont été déçues. Plusieurs mesures modestes ont été confirmées, telles que des ajustements à l’assurance-emploi pour la main-d’œuvre durement touchée par les droits de douane américains, la production automatisée des déclarations de revenus pour les résidents à faible revenu, l’augmentation du nombre d’emplois d’été au Canada. Il va sans dire que la crise du coût de la vie exige beaucoup plus. Ce budget était l’occasion de renforcer et d’actualiser la stratégie de réduction de la pauvreté du Canada pour faire face à la situation. Au lieu de cela, la voie de la prospérité tracée dans le budget 2025 laisse des millions de personnes sur le carreau. » — Katherine Scott, chercheuse principale, Centre canadien de politiques alternatives (CCPA)
« Le financement continu de FEGC annoncé dans le budget 2025 reflète l’impact d’un plaidoyer collectif et soutenu dans le secteur de la violence sexuelle et fondée sur le genre au Canada. Cette mesure marque une étape importante vers la sauvegarde d’initiatives essentielles en matière de VFG. Cependant, nous nous préoccupons de l’absence de toute mention de la violence sexuelle – en particulier compte tenu de ses effets disproportionnés sur les communautés autochtones et racisées, nouvellement arrivées, réfugiées ou en situation de handicap –, ainsi que toute indication claire quant au renouvellement du financement du Plan d’action national pour mettre fin à VFG au-delà de mars 2027. Bien que présenté comme un budget générationnel, la véritable sécurité et la prospérité doivent reposer sur des investissements soutenus dans la prévention, le soutien aux survivantes et l’infrastructure sociale qui permettent aux communautés de prospérer et de vivre à l’abri de la violence. » — Candice Shaw, directrice générale, Association canadienne contre la violence sexuelle (ESVA Canada)
« Queer Momentum se félicite de l’investissement du gouvernement fédéral dans le Fonds de capacité 2ELGBTQ+ de 54,6 millions sur cinq ans à partir de 2026-27, avec 10,9 millions en cours. Nous saluons également l’investissement de 7,5 millions sur cinq ans, dont 1,5 million à titre permanent, pour la sécurité lors des manifestations de la Fierté. Ces investissements sont essentiels à l’élimination de la discrimination et la promotion de l’égalité. Néanmoins, nous nous inquiétons d’une réduction globale du financement de FEGC à un moment où la haine, la violence fondée sur le genre et la précarité économique augmentent pour les femmes et les personnes queer. Dans un contexte mondial de remise en cause des droits humains, les femmes et les personnes queer attendent de notre gouvernement fédéral qu’il prenne les devants. Queer Momentum continuera à plaider en faveur d’un engagement renforcé et d’un investissement plus important, car le Canada ne peut pas fonctionner pour tout le monde s’il ne fonctionne pas pour les femmes et les personnes queer. L’élimination des discriminations et la promotion de l’égalité sont essentielles à la construction d’un Canada libre, prospère et juste — pour chaque personne et chaque famille. » — Fae Johnstone, directrice générale, Queer Momentum
« À une époque où la rhétorique de la répression de la criminalité fait la une des journaux et où les conditions dans les prisons n’ont jamais été aussi déplorables, ce budget double les efforts en matière de maintien de l’ordre et d’incarcération, tout en ignorant les solutions communautaires qui ont fait leurs preuves et qui permettent de préserver la sécurité de la population. Nos réseaux constatent chaque jour les effets dévastateurs du surpeuplement, des soins inadéquats et de la négligence systémique dans nos prisons, en particulier pour les femmes autochtones et les personnes d’une diversité de genres. Grâce à l’attention soutenue accordée au financement de Femmes et Égalité des genres, nous constatons un certain intérêt pour la prévention et le soutien, ce qui est une bonne chose. Nous souhaitons également collaborer avec le gouvernement pour veiller à ce que la sécurité publique soit assurée par des investissements dans l’expertise du secteur. » — Emilie Coyle, codirectrice de l’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry (ACSEF)
« Ce budget et certains des engagements qui ont été mis en exergue, notamment en matière de logement, offrent un potentiel considérable pour résoudre certains des principaux problèmes auxquels sont confrontées les femmes, les jeunes filles et les personnes d’une diversité de genres en situation de handicap. Selon les données du gouvernement, nous représentons environ une personne au Canada sur six, soit 30% des femmes au Canada. Nous demandons au premier ministre Carney et à son cabinet de veiller à ce que la promesse d’un changement générationnel ne laisse pas les femmes en situation de handicap à la traîne. Cela nécessite une approche gouvernementale globale, et nous devons voir des objectifs clairs et une véritable redevabilité dans la mise en œuvre de chaque engagement pris dans ce budget. » — Bonnie Brayton, PDG, Réseau d’action des femmes handicapées Canada
« Sans un leadership fédéral fort pour signer et financer des accords avec les provinces et territoires restants, des millions de personnes au Canada seront privées d’accès à des contraceptifs sur ordonnance et à des médicaments et fournitures pour le diabète. Les libéraux ont promis un programme national d’assurance-médicaments, mais sans un engagement de financement plus important, cette promesse restera lettre morte pour un trop grand nombre. Il est inacceptable que ce gouvernement puisse trouver de l’argent dans le budget pour mettre fin à la taxe de luxe sur les jets privés et les yachts, mais qu’il ne puisse pas s’engager à financer la couverture des médicaments de base qui sauvent des vies. Votre capacité à accéder à des médicaments vitaux et susceptibles de changer votre vie ne devrait pas dépendre de vos revenus ou de votre code postal. Ce gouvernement doit engager les fonds nécessaires pour faire de l’assurance-médicaments nationale une réalité. » — Teale Phelps Bondaroff, présidente et cofondatrice d’AcessBC, la campagne qui a permis d’obtenir la gratuité de la contraception sur ordonnance en Colombie-Britannique.
« Les victimes et les survivantes de violence entre partenaires intimes ne peuvent pas partir. Elles sont entravées par soixante barrières distinctes qui façonnent tous les systèmes qui les touchent, y compris la dépendance financière, la précarité du logement, les lacunes en matière de garde d’enfants, le contrôle coercitif, les obstacles liés à l’immigration et au handicap, et les réponses institutionnelles qui arrivent trop tard ou pas du tout. La violence fondée sur le genre n’est pas un malheur privé, c’est un échec des systèmes sociaux et publics. Un budget véritablement générationnel ne se mesurera pas à l’échelle de ses annonces, mais aux actions entreprises pour éliminer ces soixante barrières. Ce budget améliorera la sécurité, la liberté et les choix réels pour les femmes et les personnes issues de la diversité de genre. Tant que les victimes et les survivantes ne pourront pas quitter la violence en toute sécurité, la promesse d’un budget générationnel restera une vision, pas une victoire. » — Angela Marie MacDougall, directrice générale, BWSS Battered Women’s Support Services Association
« La Fondation canadienne des femmes se réjouit de l’investissement de 660 millions prévu dans le budget fédéral pour soutenir les femmes partout au Canada. Investir dans la sécurité, la sécurité financière et le bien-être des femmes, c’est investir dans et pour l’ensemble de la communauté. La population du Canada fait face à des temps difficiles avec les nombreuses coupes budgétaires annoncées hier. Le budget fédéral 2025 reconnaît le rôle crucial que jouent les femmes dans la population active et dans l’augmentation du PIB. Leur accès au marché du travail dépend fortement de services de garde abordables et essentiel à la construction d’une économie forte. Lorsque les femmes prospèrent, le Canada prospère. » — Mitzie Hunter, présidente et directrice générale, Fondation canadienne des femmes
« Le budget générationnel dont le Canada a besoin en est un qui investit dans la construction et l’expansion d’infrastructures visant à assurer la sécurité économique et sociale de toute la population: des infrastructures telles que le programme pancanadien d’apprentissage et de garde à l’enfance. L’échec du budget 2025 à cet égard nuira aux enfants, aux familles et aux communautés et compromettra tous les efforts visant à stabiliser et à renforcer l’économie. » — Morna Ballantyne, directrice générale, Child Care Now
« L’investissement de 660 millions du budget fédéral dans FEGC est une reconnaissance du travail important que réalisent les organisations de justice de genre pour maintenir la santé et la sécurité des communautés, fondement d’une économie forte. Ce travail est plus crucial que jamais alors que le fossé s’élargit au Canada où les 1% les plus riches détiennent près de 1,25 billion de dollars de richesse, soit presque autant que les 80% les plus pauvres réunis. Pourtant, la pauvreté continue de croître. Des millions de personnes doivent faire des choix difficiles entre payer des produits de première nécessité comme la nourriture et le logement. Plus que jamais, les gens ressentent les effets de la crise et se disent inquiets de leur précarité économique. Pourtant, le budget 2025 ne leur apporte guère de soulagement, tandis que les riches bénéficient de nouvelles réductions d’impôts. Un budget générationnel et transformateur s’attaquerait à la crise des inégalités et investirait dans les infrastructures sociales nécessaires pour traverser cette période d’incertitude et de difficultés. Le Canada a besoin d’un système de protection sociale sur lequel tout le monde peut compter. Les gens ont besoin de logements et d’aliments abordables. Les parents ont besoin de services de garde abordables, et tout le monde mérite des soins de santé de qualité. Il est temps d’investir dans celles et ceux qui font la force de notre économie! » — Lauren Ravon, directrice générale, Oxfam Canada
« L’Association nationale Femmes et Droit se réjouit de voir que le budget 2025 prévoit un financement pluriannuel et continu pour FEGC. Ce financement prévisible et stable est essentiel pour que les organisations nationales de défense des droits des femmes poursuivent leur travail indispensable en faveur de l’égalité réelle et de la sécurité des femmes, en particulier en cette période de transformation économique et de montée des mouvements régressifs au Canada. Cependant, l’ANFD s’inquiète du fait que ce financement global de FEGC représente une baisse significative des dépenses annuelles par rapport à l’exercice financier actuel. Nous sommes également déçues que le gouvernement n’ait pas saisi l’occasion du budget 2025 pour s’engager à apporter des changements politiques importants en faveur de la sécurité, de la sécurité économique et de la prospérité des femmes. » — Thaïs Laborde, directrice générale, Association nationale Femmes et Droit
« Action Canada pour la santé et les droits sexuels, Planned Parenthood Canada, salue l’investissement historique de ce budget dans l’égalité des genres, une reconnaissance significative du fait que les soins, la sécurité et l’égalité sont les fondements d’un Canada fort et prospère. Nous saluons également l’engagement continu du gouvernement fédéral en faveur de l’assurance-médicaments comme priorité nationale, mais les paroles doivent être accompagnées de financements afin que tout le monde au Canada ait accès à la contraception gratuite, l’une des interventions de santé publique les plus efficaces et les plus éprouvées, qui présente des avantages immédiats pour la santé, l’égalité et la sécurité économique. Les investissements dans les infrastructures de santé sont essentiels pour le système de santé canadien, qui est sous pression. Or, les coupes dans les dépenses de santé et l’absence de stratégie en matière de main-d’œuvre risquent de compromettre ces acquis. Des droits tels que l’avortement n’ont guère de sens sans un système de santé publique fonctionnel qui rende les soins accessibles dans la pratique, et pas seulement sur le papier. Au niveau mondial, les coupes dans l’aide internationale menacent le leadership durement acquis du Canada en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs, source de stabilité, de sécurité et de progrès dans le monde entier. C’est en respectant ces engagements, tant au palier national qu’international, que le Canada transforme l’égalité de principe en pratique et garantit un avenir équitable, sain et sécuritaire pour toute sa population. » — Frédérique Chabot, directrice générale, Action Canada pour la santé et les droits sexuels.