
La décision de se faire avorter est courante, mais c’est une décision personnelle. Vous pourriez vous sentir vulnérable, ou ressentir de la nervosité, à l’idée d’en parler à votre prestataire de soins de santé si vous ne savez pas quelle sera sa réaction.
Nous ne pouvons pas garantir une réponse positive de la part de tou·te·s les prestataires, mais plusieurs sont favorables à l’avortement et sont prêt·e·s à vous aider. Un grand nombre de médecins et d’infirmier·ère·s offrent régulièrement des services d’avortement!
Certain·e·s prestataires de soins de santé pourraient être anti-choix et refuser de vous aider. Certain·e·s peuvent simplement ne pas être bien informé·e·s sur le sujet, mais un grand nombre le prescrivent déjà dans le cadre de leur pratique.
En vous préparant à cette conversation, vous pourriez vous sentir plus en confiance.
Préparez-vous mentalement
Commencez par réfléchir à chaque étape à suivre. Essayez de vous imaginer en train de réaliser chacune d’entre elles, comment cela pourrait se passer et ce dont vous pourriez avoir besoin.
Étapes :
- Prendre un rendez-vous
- Parler à la réceptionniste lorsque vous arrivez
- Introduire le sujet de votre grossesse et de votre décision de vous faire avorter
- Ce que vous ferez si vous avez besoin d’éduquer l’infirmier·ière ou le/la médecin
- Apporter votre ordonnance à la pharmacie
- Ce que vous ferez si vous avez besoin d’éduquer le/la pharmacien·ne
Préparez-vous émotionnellement
L’avortement est peut-être une expérience nouvelle pour vous. Avant de consulter votre prestataire de soins de santé, prenez le temps de réfléchir à ce que vous ressentez afin de déterminer ce dont vous avez besoin pour prendre soin de vous.
Points possibles de réflexion :
- Votre degré de détermination à vous faire avorter. Si vous ne vous sentez pas tout à fait prêt·e, ou pas certain·e de vouloir un avortement, vous pouvez recevoir du soutien.
- Si une journée ou un moment de la journée vous convient le mieux, pour prendre votre premier rendez-vous et pour y aller.
- Si vous souhaitez la présence et le soutien d’une personne en particulier de votre communauté.
- Si vous trouvez que certaines pratiques ou certains types de soutien sont importants pour vous avant, pendant et après cette conversation.
- Si vous avez des inquiétudes ou des craintes, le fait de les préciser vous aidera à examiner les options qui s’offrent à vous et la manière dont vous pourriez réagir. Par exemple, si vous craignez qu’un·e prestataire de soins de santé refuse de vous aider, consultez ci-dessous la section « Vos réponses possibles selon ce que le/la prestataire de soins dit » et l’Étape 3 de ce guide pour lire des conseils.
- Toute expérience que vous avez déjà vécue en rapport avec le système de soins de santé. Vos expériences négatives et positives peuvent influencer comment vous vous sentez en pensant à une conversation avec un·e prestataire de soins.
- Essai d’affirmations. Des affirmations sont des phrases ou des mots que vous pouvez vous dire pour vous rappeler votre force. Par exemple :
- « Je suis la personne qui me connaît mieux et je suis responsable de ma santé. »
- « Je suis capable de faire face à toute situation. »
- « Si ce·tte médecin a une réaction négative, ce n’est pas à cause de moi personnellement. »
- Honnêteté avec le/la prestataire de soins si vous ressentez de la nervosité (si vous vous sentez en confiance de lui en parler). Cela peut briser la glace et vous aider à vous sentir plus à l’aise.
Si vous avez besoin d’aide pour vous préparer, vous pouvez contacter la Ligne d’accès en téléphonant au 1-888-642-2725 ou en envoyant un texto au 613-800-6757.
Soyez au courant des faits!
Vous pourriez sentir que vous avez une meilleure préparation si vous êtes au courant de vos droits et si vous savez ce que les prestataires de soins de santé peuvent faire et ne peuvent pas faire.
Voici des choses que vous pourriez faire :
- Lire l’Étape 1 de ce guide autant de fois que nécessaire. Vous pouvez même l’apporter à votre rendez-vous.
- Montrer à votre prestataire de soins la section « Les faits sur l’avortement par médicaments au Canada », dans l’Étape 1.
- Prenez connaissance du document « Tes droits sexuels et l’accès aux soins de santé ».
Envisagez d’amener une personne pour vous soutenir
Vous avez le droit de vous faire accompagner par une personne de confiance à votre rendez-vous. Pensez aux personnes qui vous connaissent bien, en qui vous avez confiance et qui vous soutiennent généralement.
Voici l’aide que pourrait vous apporter une personne de soutien :
- Prendre des notes pour vous
- Vous rappeler de poser certaines questions
- Vous aider à répondre à ce que le/la prestataire de soins dit
- Vous aider à vous calmer et à réduire votre anxiété
- Vous aider à vous sentir mieux dans votre peau
- Tenir votre main pendant le rendez-vous ou vous donner un câlin après le rendez-vous
- Parler avec vous avant et après le rendez-vous, pour aider à ce que tout soit clair
- Vous aider à vous souvenir de l’information partagée pendant le rendez-vous.
Ce que vous pourriez dire
Vous avez le droit de recevoir des soins médicaux qui correspondent à vos besoins.
N’hésitez pas à demander aux prestataires de soins de santé ce dont vous avez besoin et ce que vous souhaitez. En vous entraînant à formuler vos demandes, vous vous sentirez plus en confiance et mieux préparé·e.
Les scénarios ci-dessous vous offrent des exemples de ce que vous pourriez dire à chaque étape. Certaines de ces phrases peuvent vous paraître peu naturelles, comme des formulations que vous n’utiliseriez pas, mais vous pouvez les modifier comme bon vous semble.
Prendre votre rendez-vous
La personne qui vous répondra pourrait vous demander pourquoi vous voulez un rendez-vous.
Vous pourriez dire :
- « J’ai un problème avec mes règles »
- « J’ai un problème de menstruations. »
- « J’ai besoin d’une ordonnance. »
Demander un avortement par médicaments
Vous pourriez dire :
- « J’ai fait un test de grossesse et il est positif. Je ne veux pas poursuivre la grossesse. Est-ce que vous prescrivez l’avortement par médicaments? »
- « Je viens de découvrir que je suis enceinte et je ne veux pas l’être. Je suis ici parce que j’ai besoin d’une ordonnance de Mifegymiso. »
- « Mes menstruations sont habituellement très régulières, mais le mois dernier je ne les ai pas eues. J’ai fait un test de grossesse et il est positif. Je ne veux pas être enceinte, en ce moment. J’ai entendu dire qu’on peut prendre un médicament pour mettre fin à une grossesse et c’est ce que je veux faire. Pouvez-vous me le prescrire? »
- « Je veux vous parler de quelque chose d’important et je me sens vulnérable à ce sujet. Je viens de découvrir que je suis enceinte et je ne veux pas poursuivre cette grossesse. Pouvez-vous me prescrire l’avortement par médicaments? »
- « J’aimerais une prescription pour un avortement par médicaments, s’il vous plaît. »
- « Offrez-vous des services d’avortement? J’ai besoin d’un avortement par médicaments. »
- « Je suis enceinte et je veux me faire avorter. Est-ce que vous offrez ce service? »
Il/elle dit qu’il/elle n’a jamais offert de soins d’avortement et n’a pas la formation :
- « J’ai trouvé ces ressources pour les prestataires de soins de santé qui n’ont jamais prescrit d’avortement médicamenteux, mais qui sont autorisé·e·s à le faire. Accepteriez-vous d’envisager cette option? Ça ne me dérange pas que ce soit la première fois que vous prescrivez ce traitement. »
- « Il n’est pas nécessaire de suivre une formation spécifique pour prescrire Mifegymiso. J’ai trouvé cette ressource qui contient des informations utiles si vous souhaitez offrir l’avortement à vos patientes. Ça pourrait également aider de nombreuses autres personnes. »
- « Si vous êtes disposé·e à le faire, ça serait beaucoup plus facile pour moi que si je devais... [me déplacer hors de la ville, être vu·e par quelqu’un qui ne me connaît pas, etc.]. »
Il/elle dit qu’il/elle n’a pas l’autorisation de le prescrire, ou que vous devez aller à l’hôpital ou consulter un·e spécialiste :
- « Je sais qu’au Canada, les médecins de famille et les infirmier·ère·s praticien·ne·s sont légalement autorisé·e·s à prescrire l’avortement par médicaments. Si vous êtes d’accord pour m’aider, j’ai trouvé une ressource très complète pour les professionnel·le·s qui ne l’ont jamais fait. »
- « Je préfère ne pas me rendre à l’hôpital ou chez un·e spécialiste si ce n’est pas nécessaire. Je sais que les prestataires de soins primaires sont autorisé·e·s à prescrire l’avortement par médicaments et je peux vous fournir des informations sur le sujet si vous le souhaitez. »
Il/elle veut vous orienter vers un counseling concernant vos options, ou remet en question votre décision :
- « Non, merci. J’ai reçu du counseling, déjà, et je suis certain·e de ce que je veux. Pouvez-vous m’orienter vers quelqu’un qui fournit des services d’avortement? »
- « Merci d’y avoir pensé. J’ai examiné toutes les options qui s’offrent à moi et je sais que l’avortement est la meilleure solution pour moi. Aujourd’hui, j’aimerais obtenir un avortement par médicaments si vous êtes disposé·e à m’aider. »
- « J’ai déjà parlé avec une conseillère. Tout ce que je demande aujourd’hui, c’est une ordonnance ou une référence pour un avortement par médicaments. »
Il/elle dit qu’il faut d’abord faire une échographie :
- « Pourquoi pensez-vous que j’ai besoin d’une échographie? Mes règles sont très régulières, donc je sais que je suis enceinte de [nombre] semaines. »
- « Existe-t-il une raison médicale justifiant une échographie? Je sais que Santé Canada a éliminé en 2019 l’obligation de passer une échographie avant un avortement par médicaments. J’ai déjà obtenu un résultat positif au test de grossesse. Je sais que je suis en début de grossesse, puisque mes dernières règles étaient normales. »
- « Si l’échographie n’est pas justifiée par des raisons médicales, elle n’est pas nécessaire. J’ai trouvé cette ressource pour les médecins et infirmier·ère·s qui contient des informations à jour, si ça vous intéresse. »
Remarque : Selon Santé Canada, une échographie n’est pas nécessaire avant un avortement par médicaments, mais certain·e·s prestataires de soins de santé peuvent se sentir plus à l’aise d’en effectuer une quand même. Par ailleurs, une échographie peut être médicalement nécessaire en cas de symptômes de grossesse extra-utérine ou si la date des dernières règles n’est pas connue. Certain·e·s prestataires de soins qui ne sont pas à l’aise avec l’avortement peuvent demander une échographie parce qu’ils/elles ont l’impression que ça pourrait faire changer d’avis la personne concernée. Vous avez le droit de demander à un·e prestataire de soins de vous expliquer pourquoi il/elle souhaite faire une échographie. Si vous acceptez de procéder à l’échographie, vous pouvez aussi lui demander de ne pas vous montrer l’écran ou les images.
Il/elle dit qu’il/elle doit notifier vos parents ou tuteurs/tutrices parce que vous avez moins de 18 ans
- « Je ne vous autorise pas à contacter mes parents à ce sujet. Je n’ai pas besoin d’avoir 18 ans pour me faire avorter de mon plein gré. Je comprends ce que je demande et je suis certaine de ma décision. »
- « Vous n’avez aucune raison de contacter mes parents et je ne vous autorise pas à le faire. Je suis sûr·e de ma décision »
Remarque : La seule exception à cette règle est le Québec, où le consentement parental est requis si vous avez moins de 14 ans. Pour en savoir plus sur l’accès à l’avortement pour les personnes de moins de 18 ans par province et territoire, veuillez consulter le Tableau de bord sur l’accès à l’avortement.
Ces informations font partie de « Demander un avortement – Guide de poche », qui fournit des faits et des conseils pour demander à un professionnel de santé un avortement par médicaments. Il a été mis à jour en avril 2025.
Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de Santé Canada.